Présentation des travaux du projet ValEuRT – 2024

Vallée de l’Eure : une rivière, des territoires –
Présentation des études et résultats menés en vallée de l’Eure

•  28 novembre 2024 – à Villiers-en-Désoeuvre (27) 
Salle des Associations, rue des Anciens Potagers
17h30-19h30

Les membres de l’équipe du programme scientifique ValEuRT* – « Vallée de l’Eure : une rivière, des territoires » – proposent un moment de convivialité autour des travaux menés depuis 2019 sur les interactions société-environnement en moyenne vallée de l’Eure, des temps les plus anciens à nos jours.

♦ Contexte

Le programme de recherche « Vallée de l’Eure : une rivière, des territoires », initié depuis 2019 au sein de l’Umr Orient & Méditerranée (Cnrs / Sorbonne Université), s’intéresse à la façon dont les communautés humaines ont construit et déconstruit leurs territoires sur le temps long et la façon dont, rétrospectivement, on appréhende ces constructions / déconstructions dont les marqueurs a posteriori sont essentiellement d’ordre matériel.

Située aux portes de l’Île-de-France, à l’interface entre les trois départements de l’Eure (27), de l’Eure-et-Loir (28) et des Yvelines (78) et de trois régions (Normandie, Centre-Val de Loire, Île-de-France), la vallée de l’Eure est un espace moyennement peuplé qui appartient aujourd’hui à l’aire d’influence de la mégarégion parisienne. Modelés dès la Préhistoire par des communautés humaines aux influences culturelles multiples, les paysages ruraux de cette vallée secondaire, affluente de la Seine en rive gauche, témoignent encore aujourd’hui d’une trajectoire archéologique et historique composite à l’origine d’une succession de divisions territoriales aux contours mouvants.

Parce qu’elle se heurte à la difficulté d’acquisition des données, l’étude du bassin-versant de l’Eure ouvre la possibilité de constituer un véritable atelier de travail pour de nouvelles méthodes d’approche inter- et pluridisciplinaires. Dans un contexte de faible documentation archéologique, la reconstitution des dynamiques socio-environnementales peut en effet difficilement s’affranchir de l’étude des phénomènes connexes – relevant de la géomorphologie et/ou des paléoenvironnements –, à l’échelle du ou des paysages. Les données relèvent en conséquence autant des sciences de la Terre, de l’Environnement et de la Société, qu’il s’agit de croiser dans une perspective multi-scalaire et diachronique. Le contexte de faible documentation oblige par ailleurs à privilégier le mode prospectif et, par voie de conséquence, à focaliser sur tous les types de signatures (pédologie, phytologie, taphonomie) et leur étalonnage selon la nature des sols comme des vestiges. La dimension contemporaine est également prise en compte dans une approche régressive des éléments paysagers et archéologiques.

♦ Organisation

Cette journée est organisée dans le cadre du portail Science Ensemble, porté par les établissements de l’Alliance Sorbonne Université, dans l’objectif de faire connaître les projets des chercheurs qui s’appuient sur une démarche de sciences participatives et d’inciter les publics à y contribuer. Elle bénéficie à ce titre du soutien financier de la Direction des relations Science, culture et société de Sorbonne Université, grâce au label Science Avec et Pour la Société.

Elle se déroulera à Villiers-en-Désoeuvre, salle des Associations (rue des Anciens Potagers)
le 28 novembre 2024 de 17h30 à 19h30.

L’entrée est gratuite : pour des questions d’organisation, merci de confirmer votre présence à l’aide du bulletin joint et/ou directement à :

• fabienne.dugast@cnrs.fr
• mairie@villiersendesoeuvre.fr

♦ Argumentaire   

Les approches menées tout au long des 5 dernières années ont mobilisé aussi bien les données de prospections archéologiques et géomorphologiques que celles cartographiques mises à disposition par l’IGN (BD ORTHO® HR et IRC, BD ORTHO® Historique, RGE ALTI® 1m, LiDAR HD) qui offrent la possibilité d’engager une relecture non-invasive et systématique de l’évolution des paysages ruraux de l’Eure moyenne. Ce travail a plus largement fait émerger un ensemble de marqueurs archéologiques dans des contextes géomorphologiques variés, en milieu ouvert comme intra-forestier – exploitations agricoles, sites d’habitat, ensembles funéraires et cultuels, noyaux fortifiés, éperons barrés, systèmes parcellaires fossiles, chemins –, mais dont l’acuité chronologique et la complexité d’emboitement scalaire restent à préciser.

Afin d’enrichir l’analyse diachronique des « réseaux » d’agencement des territoires anciens, il est apparu indispensable de replacer l’ensemble des faits planimétriques et des marqueurs archéologiques au sein des trames parcellaires consignées sur les documents cartographiques du début du XIX^e siècle. L’exploitation des données géohistoriques, et en particulier des plans cadastraux napoléoniens, a ainsi ouvert la voie à une 1^re analyse régressive des formes parcellaires et des modelés agraires à l’échelle du bassin-versant du Radon. La vectorisation de ces données reportée sur une échelle plus large (portion euroise du secteur d’étude) livre ainsi les premiers jalons d’une évolution des structures paysagères en lien avec les réseaux viaires et les dynamiques de l’occupation du sol depuis la période antique.

Cette reconstitution diachronique des structures paysagères à travers le prisme d’une approche archéogéographique a pu être mise en perspective avec une étude systématique des remblaiements sédimentaires alluviaux à l’échelle du bassin versant du Radon. La géométrie, l’épaisseur et la distribution spatiale des stocks sédimentaires alluviaux ont ainsi été appréhendés à l’aide de 7 transects stratigraphiques positionnés sur l’ensemble de ce sous-bassin, des vallons élémentaires jusqu’au fond de vallée principal. Ces sondages, complétés par 4 datations ¹⁴C – 32 échantillons ont été prélevés pour des datations radiocarbones et sont en cours d’analyse –, fournissent d’ores et déjà une estimation a minima des volumes sédimentaires alluviaux et de l’érosion spécifique à l’échelle de cette surface d’alimentation en eau (0,058 Mt/km²). Ils offrent également une chronologie de la mise en place des premiers apports limoneux au sein du bassin, en accord avec les grandes phases de l’occupation humaine du secteur (enclos protohistoriques, sanctuaires d’époque romaine, nécropoles et habitats mérovingiens, commanderie médiévale).

L’ensemble des données obtenues sont mises en commun sur la plateforme Web-SIG du PCR, dont la structure a été modifiée afin d’offrir une plus grande souplesse dans la saisie des données et leurs interprétations en s’affranchissant d’une structuration fixiste, généralement propre à chacun des champs disciplinaires mobilisés (archéologie, histoire, géographie, géosciences). Le décloisonnement disciplinaire a été privilégié afin de permettre à l’ensemble des participants – spécialistes comme non-spécialistes – de prendre en main et d’enrichir aisément le corpus de marqueurs géo- et archéologiques via un formulaire d’enregistrement simplifié sous QField. Cette nouvelle structuration des données, questionnée et repensée afin de favoriser le dialogue interdisciplinaire et transchronologique, ouvre désormais sur de nombreuses perspectives de recherche, à l’interface entre sciences fondamentales et démarche citoyenne.

♦ Programme

– Présentation générale du programme ValEuRT : objectifs et interventions
Fabienne DUGAST, archéologue (Cnrs)

– Dynamiques socio-environnementales de la moyenne vallée de l’Eure
Théophile PIAU, géoarchéologue (Univ. Paris-Cité)

– Étude des archives sédimentaires au sein du bassin du Radon
Vincent VIEL, géomorphologue (Univ. Paris-Cité)

– La télédétection et le LiDAR, pour quoi faire ?
Théophile PIAU (Univ. Paris-Cité) & Emilie VAUTIER, géomaticienne (IGN)

– Organisation des réseaux de circulation et d’échanges de l’Antiquité
à nos jours : le plateau de Saint-André
Gaël LEON, archéologue (Inrap)

– Échanges avec le public & buffet-cocktail